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Le vaccin contre la rougeole

Il y a environ 10 ans, des chercheurs britanniques ont constaté qu'une douzaine de jeunes enfants avaient développé de l'autisme peu après avoir reçu le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (le vaccin ROR). Ils ont immédiatement recherché une explication. L'hypothèse était la suivante : le virus de la rougeole du vaccin se serait multiplié dans le tube digestif de l'enfant et l'inflammation provoquée aurait laissé cheminer certaines substances de l'intestin dans le sang, ce qui était dommageable pour le développement et le fonctionnement cérébral.

C'est un entérologue (spécialiste des intestins) qui a formulé cette théorie (était-ce réellement un hasard ?). Le lien semblait évident. Des centaines de parents inquiets ont refusé de faire vacciner leurs enfants. Ce fut une source de préoccupation pour les pédiatres car la rougeole restait une maladie très dangereuse pour un petit nombre d'enfants.

Des milliers d'enfants vaccinés et non vaccinés ont fait l'objet d'études pendant plusieurs années. On a vérifié si l’autisme apparaissait plus souvent chez les enfants vaccinés, mais aucune différence n'a été enregistrée. À l'exception d'une seule étude qui affirmait que l’autisme se développait plus souvent chez les enfants non vaccinés !

Quel était le problème de l'étude de l'entérologue en question ? Tout d'abord, celui-ci examinait un groupe d'enfants qui avaient déjà contracté l'autisme et qui étaient tous vaccinés. Aujourd'hui, le vaccin ROR est administré à la plupart des jeunes enfants en Grande-Bretagne. Quand le diagnostic est posé, les parents se rappellent – à juste titre – que les premiers signes d'autisme apparaissent plus ou moins à cet âge. L'entérologue ne contrôlait pas la manière dont les symptômes de l'autisme étaient apparus chez les milliers d'enfants qui avaient reçu le vaccin et qui ne venaient pas chez lui.

Le second problème s'inscrit dans la même lignée. Cet entérologue, ayant investigué l'hypothèse du vaccin ROR comme cause de l'autisme, est un spécialiste des intestins et il voit donc essentiellement des enfants avec autisme… et qui se plaignent de leurs intestins ! Aujourd'hui, les problèmes intestinaux sont plus fréquents chez les enfants avec autisme, mais le fait que les enfants qui consultaient auprès de ce spécialiste des intestins en souffraient, était tout à fait logique. Et il est tout aussi logique que cet entérologue constatait également des anomalies au niveau de leurs intestins. Ce praticien n'a cependant pas vérifié si des troubles intestinaux apparaissaient également chez les enfants avec autisme qui ne consultaient pas un spécialiste des intestins. Cette étude ne permet donc pas de conclure que tous les enfants avec autisme ont des problèmes intestinaux ou que l'entérite joue un rôle important dans l'apparition de l'autisme.

L'affaire a provoqué une vive inquiétude et beaucoup de temps et d'énergie ont été investis afin d'analyser un lien éventuel entre le vaccin ROR et l'autisme. En définitive, un certain nombre de collaborateurs de ce spécialiste des intestins ont officiellement retiré cette théorie lors de la publication d'un article.

Bien que l'entérologue concerné soit probablement un très bon chercheur dans son domaine, il s'agit ici d'un lamentable incident qui nous apprend néanmoins qu'une théorie sur l'apparition d'une affection complexe comme l'autisme doit être scrupuleusement testée. Le contrôle par un nombre conséquent de patients non sélectionnés est une excellente méthode.

Celle-ci n'est toutefois pas toujours salutaire. Il est en effet possible que certaines influences environnementales jouent uniquement un rôle dans l'apparition de l’autisme auprès d'un petit groupe d'enfants. Et pour le savoir, il faut commencer par quelques enfants à partir desquels on peut prouver que ce facteur joue un rôle. Il est cependant également utile d'associer de grands groupes à la recherche, mais avec des instruments d'évaluation qui garantissent suffisamment d'ouverture de façon à pouvoir discerner les sous-groupes éventuels au sein du grand groupe. Par la suite, ces sous-groupes peuvent être étudiés séparément. L'idéal est de suivre un groupe d'un millier de bébés sur différents aspects – la croissance, l'alimentation, la vaccination, etc. - et d'observer lesquels d'entre eux développeront de l’autisme. Ensuite, on peut étudier les domaines dans lesquels ces enfants diffèrent de leurs congénères. Peut-être ressortira-t-il que certaines infections ou autres facteurs environnementaux apparaissent quand même le plus souvent chez les enfants qui ont développé de l’autisme. Malheureusement, une telle étude n'a pas encore été réalisée.