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Une encyclopédie de scénarios

 

L'empathie suppose de pouvoir compatir avec des personnes qui vivent quelque chose que vous n'avez jamais vécu. Les personnes avec autisme sans retard mental peuvent donner l'impression qu'elles sont capables d'empathie. Ce n'est pas une réelle empathie : mais un phénomène égocentrique. En effet, elles ne se mettent pas à la place de l'autre mais reconnaissent un scénario qu'elles ont vécu. Elles se raccrochent à leurs propres expériences au lieu de se mettre à la place d'autrui. Tant que l'autre ressentira la même chose que ce qu'elles ont elles-mêmes ressenti dans la situation, elles réagiront de manière appropriée et apparaîtront comme réellement empathiques. Leur manque d'empathie se fera sentir quand leur propre expérience ne collera plus du tout avec la manière dont l'autre vit pareille situation.

Elles ont en tête une véritable bibliothèque de situations (scénarios) pour lesquelles elles ont appris ce que les personnes ressentent. Quand une personne tombe, elle a mal. Quand une personne meurt, les parents survivants sont tristes. Quand une personne remporte une récompense, elle est contente. Ici non plus, il n'est pas question de réelle empathie et parfois, elles se trompent.



Les personnes avec autisme (d'une intelligence normale) ne ressentent pas vraiment ce que les autres ressentent ; elles calculent et elles déchiffrent.

Temple Grandin décrit comment, quand elle était jeune, elle arrivait à peine à expliquer les plus simples expressions émotionnelles. Par la suite, elle a cependant appris à déchiffrer ces sentiments sans pour autant les ressentir personnellement. Elle emmagasinait dans sa tête une vidéothèque complète pour toutes les situations : comment les personnes se sentent dans telles situations et comment elle-même doit y réagir.

Par conséquent, pour ces personnes, l'empathie est un travail acharné. Elles ont besoin de plus de temps de réflexion et de plus d'informations. Nous ne devons pas oublier que les personnes sans autisme n'ont pas du tout de difficulté à être empathiques. A cet égard, les personnes qui ont de l'autisme méritent plus de louanges et d'admiration que les autres. Il semble que personne ne fournit autant d'efforts acharnés pour se mettre à la place des autres que les personnes avec autisme. Il est donc injuste de reprocher à une personne qu'elle ne fait pas assez attention à ce que vivent les autres. Vous ne reprochez quand même pas à un aveugle de ne pas voir ?

Ils racontent...

Une logique incontestable domine la vie de Joost. S'il voit un sportif à la télévision et que celui-ci pleure de joie parce qu'il a gagné, il dit alors : « Je ne comprends plus rien. Il gagne et pourtant, il pleure ; il devrait rire ! ».

 

Je prends des décisions sociales sur base de l'intelligence et de la logique. J'utilise les souvenirs des expériences passées dans une sorte de comparaison logique. J'ai appris par expérience que certains comportements mettaient les gens en colère. Parfois, les décisions logiques sont mauvaises parce quelles reposent sur des données incomplètes. Je compare les expériences que j'ai dans ma bibliothèque de souvenirs avec la situation que je vis sur le moment. Je prends donc une décision logique, à partir de toutes les données disponibles. Je compare, par exemple, souvent les relations sociales avec les informations sur la diplomatie internationale que j'ai découvertes dans le journal ; un combat entre Dick et Jane est comme deux pays qui se battent pour des droits commerciaux.
Temple Grandin