Participate!
Menu

Différemment sensible

Les personnes avec autisme ne manifestent pas seulement leurs sentiments d'une autre manière, elles expérimentent également le monde différemment. Leurs propres expériences font partie des choses les plus difficiles à comprendre. Et il est difficile d'expliquer aux autres ce que l'on ne comprend pas bien soi-même.

Donna Williams, une femme ayant de l'autisme, l'exprime comme suit : « De nombreuses personnes avec autisme ont des problèmes pour traiter les sensations corporelles et voir comment elles sont liées ou non aux sentiments. » Chez elles, il y a, selon Donna Williams, trois problèmes dans le traitement des émotions par le cerveau.

Le premier problème est un manque de liaison entre les informations. Une personne qui a de l'autisme a parfois un sentiment bien défini, mais son cerveau ne lui donne aucun feedback. Comme le cerveau consacre toute son énergie au traitement des autres informations et qu'il est surchargé, la personne n'est pas consciente à ce moment-là de son sentiment. Elle est comme aveugle au sentiment interne. Naturellement, il n'est pas possible de communiquer clairement sur ce sentiment à un tel moment. Parfois, cette personne sait très bien qu'elle ressent quelque chose, mais elle ne sait pas quoi. Le cerveau ne peut donner une signification à cette expérience corporelle. Il est également difficile de communiquer : si vous ne savez pas précisément ce que vous ressentez, vous ne pouvez clairement communiquer sur le sujet.

Le second problème que Donna Williams décrit concerne le fait d'être submergé par un sentiment. L'expérience corporelle domine tout. De ce fait, un avertissement est perçu comme de la terreur, une préférence comme de l'amour, un manque d'énergie comme une dépression. Dans le cas d'un tel déluge émotionnel, la personne avec autisme sait très bien ce qu'elle ressent, mais c'est comme si le cerveau avait tourné le bouton de volume des perceptions sur le maximum. C'est la raison pour laquelle même les sentiments agréables peuvent devenir désagréables.

Enfin, il y a un traitement erroné de l'information. Le cerveau est en pleine confusion et les différents sentiments se heurtent. Ou alors ils donnent une mauvaise signification à une expérience corporelle donnée parce que le contexte de celle-ci n'est pas traité.

Ils racontent...

Si je vois quelqu'un pour qui je ressens une profonde affection, mon corps réagit. Mon cœur bat la chamade et ma respiration devient plus profonde. Si mon cerveau associe la formule ‘rythme cardiaque qui s'accélère + respiration plus profonde' avec angoisse et qu'il connaît en outre la formule qui dit ‘en cas d'angoisse, tu dois soit t'en aller, soit attaquer', je réagis alors d'une toute autre manière, comme si je le considère comme un danger pour moi. Je rencontre quelqu'un que j'aime voir et je suis quand même poussée – par une association erronée dans mon cerveau – à détourner les yeux de cette personne, à la fuir ou même à la repousser.

Tout comme pour la perception du monde qui les entoure, le cerveau des personnes avec autisme traite différemment le monde intérieur. Elles ne reconnaissent pas leurs sentiments ou elles ressentent trop. Ou alors, elles éprouvent un sentiment déterminé, mais leur cerveau traite mal l'information. De ce fait, leur comportement est en disharmonie complète avec ce qu'elles ressentent et elles communiquent tout autre chose que ce qu'elles ressentent en réalité. La communication particulière des sentiments est un reflet de leur propre traitement des expériences.
Donna Williams